Le pair chercheur Dan Hillyer aborde son expérience vécue dans le premier guide de Banques alimentaires Canada sur l’accessibilité et l’équité destiné aux banques alimentaires.

Alors que la nécessité des banques alimentaires augmente partout au pays et que nous servons une clientèle toujours plus diverse, il est plus important que jamais de construire des espaces accueillants et accessibles.

Nous savons que l’insécurité alimentaire et la pauvreté n’affectent pas tout le monde de la même façon, nous rappelle Kirstin Beardsley, chef de la direction de Banques alimentaires Canada. « Alors que nous nous attaquons à ces problèmes sur les plans personnel, communautaire et systémique, une partie de ce travail doit être consacrée à nos propres organismes et réaffirmer notre engagement en faveur de l’inclusion dans toutes nos actions. »

Kirstin Beardsley explique que Banques alimentaires Canada s’est inspirée d’un premier guide élaboré par Food Banks BC en recourant à une approche de recherche-action participative afin d’adapter et d’élaborer un guide sur l’accessibilité et l’équité destiné au réseau de 10 associations provinciales et à 4 750 organismes de lutte contre la faim que nous soutenons d’un océan à l’autre, dans chaque province et territoire.

Intitulé Au-delà des obstacles, de la stigmatisation et des craintes : Guide pratique sur l’accessibilité et l’équité destiné aux banques alimentaires, le nouveau guide est un document pratique qui vise à aider le réseau à adopter des pratiques plus équitables et accessibles, en prenant conscience de la peur et de la discrimination que vivent souvent les personnes qui ont recours à certains services, comme les banques alimentaires.

Les pratiques en matière d’accessibilité et d’équité ont servi à l’élaboration du guide en plaçant les voix des personnes touchées par l’insécurité alimentaire au centre de cette démarche. Des pairs chercheurs ayant une expérience vécue de l’insécurité alimentaire faisaient partie des membres clés de l’équipe, et ont apporté à la fois du contenu et des commentaires précieux.

Dan Hillyer a été l’un des pairs partenaires de recherche qui ont soutenu ce projet. À titre de membre de l’équipe conceptrice de ce guide, il transmet sa passion pour la promotion de l’équité, de la diversité et de l’inclusion.

Mon expérience personnelle m’a appris à quel point il est essentiel de se sentir bien accueilli et en sécurité en période de crise. Voici mon histoire.

Je suis marié et père de quatre filles. Au départ, nous ne pensions faire face qu’à un moment difficile, que nos stratégies habituelles nous permettraient d’y arriver. Mais les jours sont devenus des semaines et les armoires se sont vidées. Je ne parvenais plus à subvenir aux besoins de ma famille.

Je n’avais pas la force d’affronter la honte et la gêne de recourir à la banque alimentaire. Cette expérience était beaucoup plus ardue et plus marquante que la faim elle-même. J’échouais à la fois comme père et membre d’une communauté. J’avais l’impression de faire partie du problème, d’être devenu un fardeau pour la société.

C’était terrible de réaliser qu’on n’avait plus la capacité de répondre à nos besoins de base. Cette pensée m’obnubilait. Je passais mon temps à me demander comment j’allais me procurer le repas suivant. C’était comme de lutter pour garder la tête hors de l’eau. Il a finalement fallu que je me demande : à quel point les choses doivent aller mal avant que je demande de l’aide? Ma priorité absolue était de protéger mes adorables filles du stress de savoir que nous manquions de nourriture.

Le désespoir et l’anxiété que j’ai éprouvés ont eu un effet dévastateur sur ma santé mentale, à tel point que j’ai commencé à me demander si la vie valait encore la peine d’être vécue. J’avais finalement atteint le fond du baril. En désespoir de cause, j’ai fait appel à l’aide alimentaire locale de ma communauté. J’ai dû rassembler tout mon courage pour m’y rendre. J’ai pleuré pendant une heure avant d’être capable de sortir de ma voiture et de m’approcher de la préposée à l’accueil.

Je me répétais à voix haute : « Faites qu’ils soient gentils, faites qu’ils soient gentils, faites qu’ils soient gentils. » La préposée ne l’a jamais su, mais elle a été la première intervenante dans mon cheminement de guérison. Elle a donné le ton à mon parcours de vie. Les premiers mots que j’ai entendus étaient : « Je suis ravie que vous soyez venu. »

Ça a changé la donne pour moi.

Je n’étais pas un fardeau.

Je n’étais pas un problème.

On m’a accueilli et j’étais en sécurité.

L’insécurité alimentaire guette chacun d’entre nous.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LA FAÇON DONT VOUS POUVEZ NOUS AIDER

Banques alimentaires Canada souhaite reconnaître et remercier la Fondation Walmart pour le financement de cette importante recherche et l’élaboration de notre Guide pratique sur l’accessibilité et l’équité pour les banques alimentaires.