C’est extrêmement stressant de ne jamais savoir d’où viendra notre prochain repas.
Selon un rapport de Statistique Canada sur l’insécurité alimentaire et la santé mentale pendant la pandémie de COVID-19, les Canadiens vivant dans un ménage en situation de grande insécurité alimentaire étaient sept fois plus susceptibles de souffrir de symptômes d’anxiété modérée ou grave que les ménages jouissant de sécurité alimentaire.
Les familles monoparentales, les ménages dont la principale source de revenu est l’aide gouvernementale et les personnes locataires de leur logement étaient plus susceptibles d’être en situation d’insécurité alimentaire.
Comme il est mentionné dans notre rapport Bilan-Faim de 2021, les adultes vivant seuls souffrant d’insécurité alimentaire présentent aussi des niveaux plus élevés de problèmes de santé mentale que les autres ménages.
Bon nombre des personnes dans cette situation ont des problèmes de santé mentale qui ne sont pas traités parce qu’elles n’ont pas le soutien dont elles ont besoin, qu’elles sont coincées dans un cycle d’aide sociale inadéquate ou de soutien lié à une invalidité, ou qu’elles ont perdu un emploi et n’ont nulle part où se tourner pour suivre de nouveaux programmes de formation et d’apprentissage.
Chaque jour, les banques alimentaires voient les répercussions de l’insécurité alimentaire sur la santé mentale. C’est pourquoi la banque alimentaire de Petawawa, dans le sud de l’Ontario, s’est associée au programme de services de santé mentale du comté de Renfrew (MHSRC) pour mieux soutenir les clients qui vivent une crise de santé mentale et leur offrir des produits de première nécessité, comme de la nourriture et des produits d’hygiène personnelle, sous forme de « boîtes de crise ».
Laurie Alton, présidente et cofondatrice de la banque alimentaire de Petawawa, travaille également pour le programme MHSRC. Elle affirme que le partenariat a été inspiré par une nouvelle approche collaborative pour lutter contre la faim dans la communauté.
« En 2020 et 2021, la banque alimentaire a lancé son programme communautaire qui offre un service de livraison aux personnes malades, handicapées ou qui ont des problèmes de santé mentale. Nous avons communiqué avec 25 organismes de services sociaux de la région de Petawawa, explique Laurie.
Nous avons aussi établi un lien avec l’équipe mobile de crise en santé mentale de la région, qui travaille avec des personnes sans logement ou dont le logement est inadéquat, poursuit-elle. » D’autres discussions ont permis de rédiger la liste des besoins des clients, puis le projet a commencé à prendre forme.
En 2021, un total de 695 boîtes de crise ont été préparées et livrées aux personnes dans le besoin avec des cartes-cadeaux d’épicerie d’une valeur totale de près de 7000 $.
« De nombreux médicaments pour les troubles de santé mentale ne peuvent pas être pris l’estomac vide, mentionne Laurie. L’accès à de la nourriture diminue le stress lié à la prise de médicaments, contribue au confort et aide à composer avec l’anxiété. »
« Notre esprit et notre corps sont tellement liés. Les gens ont besoin de nourriture et lorsqu’ils en ont, leur concentration et leur humeur s’améliorent et ils sont ainsi en mesure de mieux interagir avec leurs pairs. »
Molly Fulton, gestionnaire clinique du MHSRC et responsable de la distribution des boîtes de crise aux clients, ajoute que les retombées positives du projet ont été évidentes pour les personnes qui en bénéficient.
« La sécurité alimentaire est cruciale pour le bien-être et la santé mentale de tous, et nous sommes en mesure d’apaiser cette inquiétude majeure en fournissant des aliments et des produits d’hygiène aux personnes dans le besoin, a déclaré Molly. Les travailleurs en situation de crise qui sont en première ligne avec les membres de la communauté ont tous trouvé cette initiative incroyable. Les commentaires des clients n’ont été que positifs et reconnaissants. »