B- Bulletins du Québec Return to map

Section 1: Expérience de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
La situation des gens est moins bonne que l’an dernier
33.7%
B+
B+
Personnes qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer
34.8%
D+
D+
Les bénéficiaires du soutien gouvernemental qui affirment que les taux sont insuffisants pour suivre le coût de la vie
39.6
C-
C-
Personnes ayant de la difficulté à accéder aux soins de santé
12.7%
C
C
Pourcentage du revenu consacré aux coûts fixes au-delà du loyer
57.2%
D+
D+
Dans l'ensemble
C
C

Section 2: Mesures de la pauvreté

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Taux de pauvreté (MPC)
5.2%
A-
A-
L’aide sociale en pourcentage du seuil de pauvreté (adultes vivant seuls)
89%
A
A
L’aide aux personnes en situation de handicap en pourcentage du seuil de pauvreté
69%
C
C
Taux de chômage
4.2%
C
C
Taux d’insécurité alimentaire
14.7%
A-
A-
Dans l'ensemble
B+
B+

Section 3: Défavorisation matérielle

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Niveau de vie inadéquat
26%
D+
D+
Niveau de vie gravement inadéquat
11.6%
D+
D+
Dans l'ensemble
D+
D+

Section 4: Progrès législatifs

Indicateur Donnés
2024 Grade
2023 Grade
Progrès législatifs
B
B
Dans l'ensemble
B
B
×

En 2002, le Québec est devenu la première province canadienne à adopter une stratégie de réduction de la pauvreté. Depuis, cette stratégie est revue tous les cinq ans afin d’évaluer et de renouveler les efforts du gouvernement provincial pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. De plus, l’approche globale du Québec à l’égard des questions liées à la pauvreté, de même que ses politiques sociales plus larges, se distingue de celle de la plupart des autres provinces du Canada.

Accent particulier sur l’emploi

La première caractéristique notable est l’importance que le gouvernement du Québec accorde depuis longtemps à l’emploi comme principale solution pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Cet accent était au cœur du premier plan d’action de réduction de la pauvreté de la province, publié en avril 2004. Certains aspects de ce plan et de politiques ultérieures ont favorisé l’élaboration de diverses initiatives visant à accroître les faibles revenus et à encourager la transition de l’aide sociale à l’emploi.

Parmi ces initiatives, mentionnons les crédits d’impôt relatifs à la prime au travail, qui sont des crédits d’impôt remboursables dont l’objectif est d’encourager les citoyens à faible revenu à intégrer le marché du travail ou à y demeurer. Ces crédits sont offerts aux travailleurs dont la rémunération annuelle est inférieure au seuil maximal autorisé. Le paiement annuel maximal varie de 961,18 $ pour un adulte vivant seul à 3 351,50 $ pour un couple avec au moins un enfant.

Primauté du soutien aux familles et aux enfants

Le Québec offre également un haut niveau de soutien aux familles et aux ménages avec enfants. L’instauration précoce d’un programme universel de garde d’enfants était au cœur de ce soutien et constituait une ligne de conduite déterminante pour les programmes sociaux du Québec (bien qu’il ne cible pas les ménages à faible revenu).

D’autres initiatives pour soutenir les familles avec enfants ont aussi été prises, par exemple l’Allocation famille et le crédit d’impôt pour solidarité. En plus de soutenir les familles à faible revenu, ces initiatives ont contribué à lutter contre la pauvreté infantile dans la province. Le Québec affiche le deuxième taux de pauvreté infantile le plus bas au Canada : 14,3 %.

Dans l’ensemble, le Québec s’en sort beaucoup mieux que le reste du pays en ce qui a trait à l’analyse des indicateurs de pauvreté. Lorsque nous avons demandé aux résidents du Québec s’ils sentaient que leur situation financière avait empiré depuis l’an dernier, ils ont répondu plus positivement que le reste de la population canadienne. Un peu plus du tiers (34 %) des Québécois ont répondu par l’affirmative. Le Québec se démarque des autres provinces à cet effet, où 47 % (en moyenne) des personnes affirment que leur situation s’est détériorée depuis l’an dernier.

Les taux de pauvreté et d’insécurité alimentaire au Québec sont les plus bas au pays. Même si certaines personnes peinent à joindre les deux bouts, le système d’aide sociale de la province est beaucoup plus efficace que celui des autres provinces, et la population québécoise est grandement plus satisfaite de son système que la population des autres provinces est satisfaite du sien.

Cela dit, on peut toujours faire mieux. Même si les taux d’insécurité alimentaire sont faibles, 15 % de la province en souffrent encore. De plus,les prestations d’aide sociale sont encore bien en deçà du seuil de pauvreté, ce qui fait en sorte que les personnes qui dépendent de ces systèmes de dernier recours se retrouvent dans une situation impossible. Les résultats de notre sondage démontrent également que les minorités visibles au Québec sont touchées par la pauvreté de façon très différente. Ces divergences nous indiquent que le Québec doit déployer des efforts concertés pour combler les lacunes et s’assurer qu’aucun groupe n’éprouve sensiblement plus de difficultés que les autres.

Bien que les taux globaux de pauvreté et d’insécurité alimentaire demeurent relativement faibles au Québec, les résidents consacrent 12,4 % du revenu de leur ménage à l’alimentation, ce qui est l’un des pourcentages les plus élevés parmi les provinces. La moyenne nationale est de 11 %, et en Ontario, 10,7 % des dépenses du ménage sont liées à l’alimentation. Le Québec a également connu la deuxième plus forte hausse du prix des aliments (9,3 %) au cours de la dernière année, soit d’avril 2022 à avril 2023.

Le Québec est en avance sur le reste du pays, mais il doit continuer de progresser pour rester en tête et empêcher que la pauvreté ne s’installe.

 

Considérations sociodémographiques

Le Québec est l’une des trois provinces dont l’échantillon est suffisamment grand pour rendre compte des communautés racisées aux fins de notre enquête

Malgré le leadership du Québec dans le domaine de la pauvreté, il existe un écart surprenant à cet égard entre les personnes racisées et le reste de la population de la province.

Tout d’abord, en ce qui concerne les problèmes liés à l’emploi, les communautés racisées du Québec sont plus susceptibles de déclarer que les bas salaires ont une incidence sur leur capacité à joindre les deux bouts. de 11 points de pourcentage. Ce qui est encore plus stupéfiant, c’est que les personnes de ce groupe sont 14 points de pourcentage plus enclins à affirmer que la santé mentale nuit à leur capacité de trouver du travail, de travailler efficacement ou de maintenir leurs finances. .

En raison des défis liés à l’emploi, le recours aux services sociaux du gouvernement augmente. Malheureusement, , 30 % des personnes issues de communautés racisées estiment que les prestations d’aide sociale ne sont pas suffisantes pour suivre l’augmentation du coût de la vie (il s’agit presque du double de la moyenne provinciale, située à 17 %).

Ce qui est tout aussi préoccupant, c’est que la moitié des répondants de ce groupe ont également de la difficulté à s’y retrouver dans le régime fiscal.. En raison de cette difficulté, les personnes qui ont besoin de prestations et qui y ont accès pourraient ne pas en profiter. Pire encore, 30 % des membres des communautés racisées peinent à accéder aux services sociaux, ce qui pourrait les empêcher de bénéficier d’autres formes de soutien dont ils ont grandement besoin.

Malheureusement, les personnes racisées du Québec font elles aussi face à des défis liés aux logements à loyer modique. Parmi les membres de cette démographique, 36 % affirment qu’il est difficile de suivre la hausse des loyers huit points de pourcentage de plus que la moyenne provinciale).

Dans cette optique, il n’est pas surprenant de constater que 42 % des personnes racisées au Québec sentent que leur situation financière s’est détériorée depuis l’an dernier,, ce qui représente huit points de pourcentage de plus que la moyenne provinciale. Le gouvernement provincial devra prendre des mesures pour combler le fossé entre l’expérience vécue par les groupes racisés et celle vécue par le reste de la population.

Le cadre de réduction de la pauvreté est revu environ tous les cinq ans au Québec, et la dernière révision a eu lieu en 2017 (pour la période 2017-2023). Dans le cadre de ce plan, le gouvernement a annoncé son intention d’instaurer un revenu de base pour les Québécois dont la capacité d’emploi est gravement limitée. Les autres mesures se divisent en quatre catégories :

  1. sortir plus de 100 000 personnes de la pauvreté et augmenter les revenus des gens qui vivent dans la pauvreté (p. ex., augmenter progressivement les prestations financières de dernier recours; soutenir la formation des jeunes);
  2. investir dans l’amélioration des logements sociaux;
  3. encourager la participation sociale des personnes et des familles à faible revenu et mobiliser les communautés (p. ex., faciliter l’accès à des aliments sains, nutritifs et abordables; améliorer les compétences en informatique);
  4. effectuer des recherches et des évaluations afin de rendre plus efficaces les mesures gouvernementales visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

En 2018, le gouvernement a instauré un crédit d’impôt remboursable de 400 $ pour les personnes âgées à faible revenu et, en 2021 et 2022, il a mis en place plusieurs crédits d’impôt ponctuels pour aider la population à faire face à la hausse du coût de la vie.

Le gouvernement provincial du Québec est actuellement en train de fixer ses objectifs pour la prochaine phase de sa stratégie de réduction de la pauvreté. Compte tenu de la hausse du coût de la vie, des prix exorbitants des logements et des changements dans l’économie moderne de l’emploi, la province devra continuer de trouver des solutions stratégiques novatrices.

Le budget 2023-2024 du Québec offre une lueur d’espoir comparativement à de nombreux autres budgets provinciaux cette année, car il comprend des engagements importants pour accroître l’abordabilité générale dans l’ensemble de la province. Toutefois, il ne comprend pas d’augmentation des prestations d’aide sociale pour les personnes non admissibles au Programme de revenu de base, lequel s’adresse aux gens dont la capacité d’emploi est gravement limitée.

Le budget prévoit un investissement d’un milliard de dollars visant à promouvoir les logements à loyer modique par l’augmentation de l’offre de logements sociaux et abordables. Il prévoit également un investissement de 53,2 millions de dollars dans le programme Supplément au loyer d’ici 2027-2028. Des investissements importants sont également prévus pour accroître les services en santé mentale, en itinérance et en dépendance; 30 millions de dollars seront consacrés à la réduction de l’insécurité alimentaire; et 121 millions de dollars serviront à renforcer les services offerts aux peuples autochtones, à faciliter l’accès à ces services et à fournir une aide supplémentaire au logement dans les communautés autochtones.

En 2023 et 2024, le Québec doit tenir ses promesses et poursuivre sa progression vers la prochaine phase de son plan de réduction de la pauvreté.

Responsabilités
  1. Élaborer une nouvelle stratégie de réduction de la pauvreté dans le but ambitieux de mettre fin à la pauvreté d’ici 2030.

Le Québec est un chef de file en matière de réduction de la pauvreté partout au Canada, et bon nombre des éléments essentiels pour garantir des possibilités économiques pour tous sont en place, notamment :

  • des prestations plus élevées indexées en fonction de l’inflation;
  • des mesures de soutien du revenu équitables pour les familles;
  • des services de garde d’enfants abordables et universels;
  • une proportion assez importante du marché locatif abordable pour le quintile de revenu le plus bas.

Une grande partie de ce succès repose sur les efforts gouvernementaux et stratégiques d’il y a 20 ans. Il est ironique que la première province à élaborer et à adopter une stratégie provinciale sur la pauvreté en 2004 ne l’ait pas mise à jour depuis 2017. La plupart des progrès réalisés en matière de réduction de la pauvreté dans la province au cours des dernières années ont été rendus possibles grâce au leadership du gouvernement fédéral et au resserrement du marché du travail, qui ont permis d’augmenter les salaires et les possibilités d’emploi.

Comme les cibles de 2023 découlant du plan de 2017 viennent à échéance, il est impératif que le gouvernement du Québec poursuive ses efforts avec une ambition renouvelée. Nous recommandons qu’un plan révisé soit articulé autour du travail nécessaire consistant à passer d’une approche axée sur la réduction de la pauvreté à une approche axée sur son élimination. L’objectif devrait être de réaliser ce projet social ambitieux, mais réaliste, d’ici la fin de la décennie. Le Québec a réussi à réduire le taux de pauvreté de près de deux tiers (de 13,5 % en 2015 à 5,2 % en 2021) dans les dernières années, et il peut très bien réussir à atteindre un taux presque nul. Mais il faudra un leadership efficace.

Un axe prioritaire précoce et réalisable de la stratégie pourrait être l’offre de prestations pour les familles. Le soutien du revenu provincial et les autres transferts équivalent déjà à 92 % du seuil de pauvreté fixé par la mesure du panier de consommation pour un couple avec deux enfants, et à 81 % pour les familles monoparentales avec un enfant.

 

Logements à loyer modique
  1. Accélérer la construction de logements locatifs abordables spécialisés.

À l’instar de nos recommandations pour la province de l’Ontario, nous recommandons au Québec d’envisager l’établissement d’un fonds provincial pour accélérer la construction de logements. Ce programme peut être mis en place au moyen d’outils de financement pour mieux aider les fournisseurs de logements sans but lucratif à assumer les frais d’acquisition de terrains, de subventions d’investissement, ainsi que de déductions pour amortissement et de dispositions de regroupement des pertes en capital, qui ciblent spécialement les promoteurs privés qui s’engagent à atteindre des objectifs d’abordabilité des loyers dans le cadre d’un projet d’aménagement particulier.

 

Coût de la vie et soutien du revenu
  1. Offrir une prestation alimentaire innovante pour les personnes à faible revenu.

Pour remédier à la hausse des dépenses liées à l’alimentation dans la province, le gouvernement du Québec devrait envisager l’instauration d’une prestation alimentaire permanente pour les personnes à faible revenu afin d’aider les ménages à revenu faible ou modeste qui reçoivent déjà le crédit pour la taxe sur les produits et services (TPS).

  1. Équilibrer les prestations d’aide sociale et d’aide aux personnes handicapées

Le Québec est la seule province du pays où les prestations d’aide aux personnes handicapées accusent un retard par rapport aux prestations d’aide aux personnes aptes à l’emploi. Les personnes handicapées reçoivent près de 5 000 $ d’aide en moins par année, ce qui fait qu’elles sont encore plus défavorisées. Nous recommandons à la province d’harmoniser les prestations d’aide aux personnes handicapées aux prestations d’aide aux personnes sans handicap.

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