Dans le Grand Vancouver, 10 % des ménages sont considérés comme étant en situation d’insécurité alimentaire.
Mais qu’est-ce que cela représente pour un organisme chargé de nourrir une ville dans le besoin?
Pour la Greater Vancouver Food Bank (GVFB), c’est de recevoir, acheter et distribuer de 2,2 à 2,7 millions de kilogrammes de denrées chaque année.
En raison de la vaste étendue de la région qu’elle couvre, la GVFB s’est appuyée sur une série de partenaires de distribution dans toute la ville afin d’acheminer les denrées aux personnes qu’elle sert.
Cependant, le 16 mars dernier, au moment où les municipalités de partout au Canada ont imposé un confinement à la population en réponse à la pandémie, la GVFB a perdu bon nombre de ces sites de distribution. « Au début de la crise causée par la pandémie de COVID-19, notre façon de distribuer les denrées a été gravement compromise, explique David Long, chef de la direction de la GVFB. Jusqu’à ce jour, nous avions fait usage de tous les lieux disponibles, des écoles aux maisons de quartier, en passant par les églises et les centres communautaires, pour effectuer la distribution alimentaire. Toutefois, ces endroits ont été littéralement fermés du jour au lendemain en raison des restrictions de distanciation sociale immédiates qui ont été adoptées pour protéger le public. »
De plus, avec le grand nombre de personnes qui ont choisi de s’isoler au départ, la GVFB a constaté une baisse importante du nombre de bénévoles chargés du tri, de l’emballage et de l’aider à la distribution alimentaire.
« Ces premiers jours (de confinement) ont été très difficiles, poursuit David. Mais ce n’est pas comme si nous pouvions simplement arrêter nos activités. Les gens comptaient sur nous plus que jamais. Nous avons donc retroussé nos manches et avons immédiatement pris des mesures pour mettre en place des points de distribution d’urgence dans la région du Grand Vancouver. La taille de ces emplacements était d’une importance capitale, car ils devaient être assez grands pour permettre aux gens de respecter les mesures de distanciation. »
Grâce à la mise en place d’un plan d’action et à l’aide d’une nouvelle équipe de bénévoles, la GVFB a réalisé l’impossible.
« Avec la fermeture forcée de nos 12 sites de distribution habituels en raison de la pandémie de COVID-19, il était difficile de trouver des emplacements de rechange, affirme David. Toutefois, grâce à l’intervention rapide de notre équipe et à la générosité incroyable des gens de la région du Grand Vancouver, nous avons été en mesure de déménager dans quatre sites plus grands, ce qui nous a permis de simplifier nos activités. Ainsi, nous avons pu gérer nos coûts d’exploitation plus efficacement. De plus, avec la prolongation des heures d’exploitation de tous ces nouveaux emplacements, nous avons été en mesure d’accepter tous les gens dans le besoin. Il s’agit d’une très grande réussite, surtout du fait que nous avons enregistré 734 nouveaux clients en avril seulement. »
En plus de s’assurer d’avoir la capacité de servir un nombre croissant de personnes dans le besoin, il était également important pour la GVFB de leur offrir des denrées fraîches.
« Dans la mesure du possible, nous avons délaissé les aliments préemballés pour plutôt mettre l’accent sur les denrées fraîches (la distribution), explique David. Il s’agissait de produits comme du lait, des œufs, des fruits et des protéines, comme du poulet et du bœuf haché. »
David croit que la qualité des produits alimentaires fournis aux clients aujourd’hui aide vraiment à montrer à quel point les banques alimentaires ont évolué.
« Au cours des derniers mois, des gens se sont présentés à nouveau à la banque alimentaire après de nombreuses années d’absence (en raison de la pandémie). Ils étaient tous étonnés de voir la grande quantité de denrées fraîches qui leur était offerte. Une personne s’est même adressée à l’un de nos membres du personnel et lui a dit : ‘‘Êtes-vous sérieux? Tout cela est-il vraiment pour moi?’’ C’était un peu comme s’ils ne pouvaient pas croire que nous offrions ce genre de produits. Nous sommes là pour lutter contre l’insécurité alimentaire et fournir des denrées nutritives aux personnes dans le besoin. C’est un sentiment formidable de faire partie d’une équipe qui joue un rôle dans la réussite de cette mission. »
Un autre service moins connu de la GVFB est le soutien qu’il apporte à plus de 80 organismes communautaires partenaires pour répondre à leurs besoins alimentaires.
« Au-delà des nouveaux clients et des clients existants qui nous rendent visite, nous servons également une autre partie de la communauté qui n’a peut-être pas accès directement à notre banque alimentaire, poursuit David. Cela comprend les maisons de quartier, les centres des Premières Nations, les programmes parascolaires et les refuges pour femmes et enfants, qui fournissent chaque semaine des repas chauds et des collations à des milliers de personnes. »
Ces endroits ont tous connu une augmentation importante de la demande de services alimentaires en raison de la baisse du soutien de leurs propres chaînes d’approvisionnement et de leurs donateurs en raison de la pandémie.
« Grâce au financement fédéral versé par Banques alimentaires Canada, nous avons pu acheter et donner des réfrigérateurs et des congélateurs industriels à des organismes communautaires du Grand Vancouver, explique David. Cela a grandement contribué à l’expansion plus que nécessaire du réseau d’accès aux denrées sur lequel ces organismes comptent vraiment. »
Dans le cadre de cette expansion, la Greater Vancouver Food Bank offre maintenant des denrées périssables et fraîches à un maximum de 450 personnes pour chaque organisme communautaire qui a reçu une unité de réfrigération.
« Grâce à Banques alimentaires Canada et à la généreuse contribution de nombreux résidents, entreprises et organismes locaux, nous sommes maintenant en mesure de répondre aux demandes supplémentaires des nouveaux groupes communautaires, explique David. Beaucoup d’entre eux ont besoin de remplacer des programmes alimentaires qui ne sont plus disponibles ou qui sont actuellement inaccessibles à leurs clients à risque, âgés ou immunodéprimés en raison de la pandémie. »
Le fait d’être un soutien essentiel à tant de personnes dans le besoin signifie aussi qu’il faut penser deux coups à l’avance.
« Compte tenu de l’ampleur de la demande qui pesait sur la chaîne d’approvisionnement au début de la pandémie, nous voulions nous préparer à tous les scénarios possibles, explique David. Nous avons donc acheté 500 000 $ de denrées non périssables et les avons entreposées dans l’un de nos entrepôts, au cas où. »
Toutefois, au-delà de l’incertitude liée à cette période difficile, pour David, il y a un bon côté à tout cela.
« Les relations qui ont été établies à la suite de cette crise sont exceptionnelles, affirme David. Elles démontrent la volonté d’une communauté de s’unir pour s’entraider. Tant de personnes ont mis la main à la pâte au cours des derniers mois. J’éprouve une profonde fierté à vivre dans une communauté qui fait preuve d’une si grande solidarité. »
Ces relations particulières ont apporté au GVFB un soutien inestimable, y compris :
- Recevoir 181 436 kilogrammes de denrées des navires de croisière amarrés de la région;
- Inspirer l’équipe de soccer des Whitecaps de Vancouver à s’associer à un artiste et à un brasseur locaux pour créer un imprimé commémoratif et une bière artisanale uniques rendant hommage aux travailleurs de première ligne. La totalité de leurs profits a été versée à la GVFB;
- Obtenir les dons essentiels en argent, en denrées, en équipement de protection individuelle et en désinfectant pour les mains (gracieuseté de Banques alimentaires Canada).
David envisage l’avenir avec optimisme et espoir.
« Au fil des jours, nous continuons d’améliorer nos façons de faire. La façon dont nous distribuons les denrées a énormément changé au cours des derniers mois. Dans la mesure où notre clientèle ne cesse de croître, nous pourrons ainsi fournir plus de denrées que jamais aux personnes dans le besoin. Et même si nous ne savons pas combien de temps cette situation va durer, si nous regardons en avant, je crois qu’ensemble, non seulement nous pouvons passer au travers, mais nous allons tous en sortir plus forts. »
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