Bien que la pandémie ait touché toutes les régions du monde, les répercussions sont plus sévères pour les populations vulnérables aux prises avec l’insécurité alimentaire. Face à l’augmentation de la demande, les banques alimentaires de partout au pays sont mises à rude épreuve.
Dany Hétu, directeur général de Moisson Rive-Sud, nous fait part de l’état d’esprit de ses organismes membres. « L’année 2020 a été très difficile pour nous, surtout pour nos organismes, qui sont en première ligne pour aider les familles qui peinent à joindre les deux bouts. Au début, environ 55 % à 60 % des organismes de mon réseau ont dû fermer leurs portes pendant au moins quatre à six semaines, notamment par manque de bénévoles. Il est difficile d’obtenir de l’aide pendant une pandémie, et gérer l’acheminement d’une grande quantité de nourriture par le biais d’un nombre limité de banques alimentaires n’est pas une mince affaire. Certains de nos collègues travaillent de 70 à 80 heures par semaine et sont épuisés. Après plusieurs mois, nous sommes nombreux à souffrir d’une fatigue mentale ».
Heureusement, une équipe est là pour les soutenir. Grâce aux associations provinciales et aux centres de distribution qui travaillent en coulisse et adaptent leurs activités, les banques alimentaires peuvent continuer à aider les clients.
« Chez Moisson Rive-Sud, nous avons dû revoir complètement notre mode de fonctionnement, explique Dany. Habituellement, notre horaire prévoit des jours où nos organismes peuvent venir chercher leurs denrées. Cependant, les quelques bénévoles sur qui les organismes pouvaient compter n’étaient pas en mesure de venir les récupérer. Nous avons donc dû créer un programme de livraison pour au moins 30 de nos organismes afin qu’ils n’aient pas à se préoccuper de la collecte. » Cette initiative a porté ses fruits. « Je suis très content que nous ayons essayé le programme de livraison. C’est quelque chose que je voulais déjà mettre en place à mon arrivée, et ça fonctionne très bien. Nous allons certainement maintenir ce programme, bien au-delà de la pandémie. »
L’ensemble des Canadiens se sont également mobilisés pour aider les clients.
« J’ai dit que l’année 2020 a été éprouvante, mais elle a aussi eu des effets positifs. La reconnaissance du public et le soutien apporté nous ont vraiment fait chaud au cœur. Nous avons reçu différents dons, de la part de Banques alimentaires Canada comme de petites entreprises. C’était incroyable. » Le sourire aux lèvres, il poursuit : « J’ai toujours su que les Canadiens sont fondamentalement gentils, mais j’en ai eu la confirmation. Nous sommes très reconnaissants de leur générosité et de leur bonté. Cela représente beaucoup pour nous. »
En travaillant dans un centre de distribution au sein d’une petite ville, Dany n’a pas l’habitude de recevoir autant de reconnaissance du public, mais cela l’a fait réfléchir à l’avenir.
« À mes débuts à la banque alimentaire il y a quatre ans, il n’y avait que 83 organismes membres, et nous en avons maintenant 109. Mon objectif est d’en servir encore davantage. » Dany explique : « Nous devrons relocaliser nos locaux, car notre emplacement actuel est trop petit et ne nous permet pas de les agrandir. Pour servir plus d’organismes, nous devons déménager. »
Il sait aussi que peu importe où il va, il aura toujours l’appui des Canadiens.
« La pandémie a vraiment mis notre travail en lumière, et les Canadiens ont compris notre rôle. Je suis convaincu que même après la pandémie, ils continueront de nous épauler. La pandémie ne fera peut-être plus partie de notre vie, mais la faim restera un enjeu, et je pense que les Canadiens le savent aussi. »
En plus de mettre en évidence les besoins existants, la pandémie a révélé que les banques alimentaires sont exploitées par de véritables héros. Le fait de voir des clients en larmes raconter leurs histoires déchirantes et de toujours garder espoir, ça prend du courage. Dany nous fait part d’une expérience qui en témoigne.
« Pendant la pandémie, j’ai vécu une expérience incroyable qui m’a profondément touché. J’ai reçu un appel de la police de Longueuil qui m’informait que malgré les fermetures, il y avait encore beaucoup de sans-abri qui quêtaient de l’argent dans les stations de métro. Comme plus personne ne prenait le métro, ces gens se retrouvaient sans abri et sans nourriture. Alors, pendant près d’une semaine, je me suis rendu là-bas tous les jours pour leur offrir des denrées de la banque alimentaire. Ce fut pour moi une expérience enrichissante. Leur volonté est inspirante. »